Ouvrir un mur porteur : Comment calculer l’IPN nécessaire ?
Vous souhaitez créer une ouverture dans votre mur porteur ? Avant de calculer un IPN, il faut savoir quelle est la charge qui arrive dessus.
Pour cela, une analyse fine du bien est obligatoire :
- Dans quel sens portent les planchers et les toitures ?
- Quel est leur poids ?
- Y a-t-il un mur au-dessus de celui que vous voulez ouvrir ou bien une cloison lourde ?
Tous ces éléments sont très importants et souvent difficiles à trouver sans réaliser quelques sondages destructifs (oui des trous !!) pour bien comprendre comment tout fonctionne…
Si vous n’avez pas d’expérience, je vous conseille fortement de faire appel à un ingénieur structure qui a l’expérience de ce type de calculs.
C’est quoi un IPN ?
Un IPN est un type de poutre métallique en forme de I majuscule et calqués sur un standard national : une semelle haute, une semelle basse et une âme.
Mais il existe plein d’autres types de poutres métalliques, comme les IPE (standard européen), les profils en H dont les HEA (légers), les HEB (lourds mais petits) et les profils en U renversé (UPN et UPE).
D’expérience, on choisi le plus souvent les profils en HEB car ils permettent d’avoir une plus grande hauteur sous poutre, étant donné qu’ils sont plus fins à résistance équivalente par rapport un IPN… L’inconvénient c’est qu’ils sont légèrement plus lourds, et donc légèrement plus cher…
L’ingénieur structure a bien entendu l’expérience pour vous orienter sur le type de poutre le plus adapté à votre projet architecturalement parlant (l’esthétique !) et à votre budget ! L’un impacte forcément l’autre…
“Un IPN est-il nécessaire pour mon projet ?”
Si vous ouvrez un mur qui supporte un plancher ou un mur supérieur, alors la réponse est OUI !
Vous devez reprendre les charges linéaires qui arrivent actuellement sur le mur et que vous devez reprendre avec la poutre.
Ouverture maximale sans IPN dans un mur porteur
L’adage préféré des ingénieurs structure : “Tout est possible, tout dépend du budget que vous avez…”
Très souvent (et en fonction de la technique utilisée), il sera nécessaire d’avoir entre 15 et 30 cm de bout de mur à conservé de part et d’autre de l’ouverture créée.
Attention, il est très important de savoir ce qu’il y a en dessous du mur que vous ouvrez. Si vous n’avez rien (pas de sous-sol), plus l’ouverture est grande, plus les fondations risquent d’être insuffisante et un renfort de celles-ci sera nécessaire. Si vous avez un sous-sol et que l’ouverture s’arrête au droit d’une porte dans le mur situé à l’aplomb, un renforcement du linteau s’avèrera aussi nécessaire.
Bien entendu, plus votre ouverture est grande, plus votre poutre sera grosse, impactant (peut-être) votre projet architectural…
Calcul d’IPN pour un mur porteur
On ne va pas rentrer dans le détail, mais le calcul d’un IPN est réalisé selon les normes en vigueur en France, c’est-à-dire l’Eurocode 3.
La vérification se fait selon trois éléments : la flexion, le cisaillement et la flèche.
Il y a plusieurs dizaines d’années, les ingénieurs faisaient les calculs à la main. Maintenant, nous avons des feuilles de calcul et des logiciels permettant d’aller plus vite mais surtout d’éviter des erreurs de calcul…
Bien entendu, je vous préconise très fortement de faire réaliser ce calcul par un ingénieur disposant d’une assurance décennale ! En cas de sous-dimensionnement, les impacts sont très importants et peuvent aller jusqu’à la ruine des éléments supportés… Le budget de reprise est à 99% des cas bien plus cher que le prix de l’étude de structure “économisée”…
Pas de souci, j’ai un maçon qui s’en occupe…
Sachez qu’un maçon n’a aucune compétence dans le calcul du fer selon les règles de calcul de l’Eurocode 3. En plus de cela, il n’est pas assuré que pour la partie travaux et pas pour la partie calcul. Si jamais c’est lui qui fait le calcul et qu’il est sous-dimensionné, son assureur se défaussera et vous n’aurez que vos yeux pour pleurer…
Même si nous les apprécions beaucoup, c’est pareil pour l’architecte…
En général, si vous faites appel à un maçon et qu’il vous demande l’étude de l’ingénieur, alors vous avez trouvé votre pépite… Trop de maçons (encore aujourd’hui) négligent le calcul. Et ce qu’il peut se passer, c’est qu’ils sur-dimensionne (très largement) la poutre et vous allez vous retrouver avec une poutre énorme et surtout bien plus chère que ce que vous auriez du avoir…
Je suis dans une copropriété, comment ça se
passe ?
Si vous envisagez des travaux de structure dans votre copropriété, vous êtes dans l’obligation d’avoir l’accord du syndicat des propriétaire avant de réaliser les travaux. En effet, les éléments du bâti ne sont pas des parties privatives, ils appartiennent à l’ensemble des copropriétaires !
Si vous envisagez des travaux de structure dans votre copropriété, vous êtes dans l’obligation d’avoir l’accord du syndicat des propriétaire avant de réaliser les travaux. En effet, les éléments du bâti ne sont pas des parties privatives, ils appartiennent à l’ensemble des copropriétaires !
Et pour avoir cet accord, une assemblée générale est obligatoire. Soit vous attendez l’AG ordinaire, soit vous demandez une AG extraordinaire sur ce point-là.
Les convocations doivent mentionner votre demande et être envoyées 1 mois avant la date de l’AG. L’étude de structure doit être annexée afin que les copropriétaires en prennent connaissance avant la date de l’AG.
En général (et en fonction du planning de l’ingénieur structure), comptez entre 2 et 3 mois entre le moment où vous missionnez l’ingénieur structure et la date de l’AG.
Sachez que nous proposons, en plus de notre étude, deux éléments qui peuvent faire pencher la balance du vote :
- la présence de l’ingénieur à l’AG pour répondre à toutes les questions et doutes des copropriétaires
- une visite de conformité des travaux qui assurent que les travaux sont conformes à l’étude réalisée
Ces deux missions rassurent beaucoup et permettent très souvent d’avoir un avis favorable à la réalisation de l’ouverture dans le mur porteur.
En bref…
Nous avons maintenant passé en revue les aspects essentiels concernant les IPN et la création d’ouvertures dans un mur porteur. Il s’agit de travaux lourds qui ne doit pas être prise à la légère.
Le point crucial à retenir est le suivant : lorsqu’il s’agit d’intervenir sur un mur porteur, il est impératif de faire appel à un professionnel qualifié. Un ingénieur structure est la personne la plus à même de mener à bien cette tâche. Il convient d’écarter l’idée de confier le travail du calcul à un maçon local ou à un architecte, aussi compétents soient-ils dans leurs domaines respectifs, mais ils ne disposent pas des outils nécessaires pour effectuer les calculs obligatoires.
Il est primordial de prendre en considération tous les éléments : la charge de la toiture, le poids des planchers, la nature des structures au-dessus et en-dessous du mur concerné par votre ouverture. Tous ces facteurs sont déterminants. Dans certains cas, il peut même s’avérer nécessaire de procéder à des sondages destructifs afin de bien comprendre comment est réalisée la structure de votre bâtiment.
Concernant le choix de la poutre, sachez que l’IPN n’est pas l’unique option. Les profilés HEB présentent également des avantages notables. L’ingénieur sera en mesure de vous conseiller la solution la plus adaptée à votre projet et à votre budget.
Pour les propriétaires en copropriété, il faut anticiper la nécessité de passer par une assemblée générale. Bien que cette étape soit chronophage, elle est incontournable (en plus d’être obligatoire) et vise à rassurer l’ensemble des copropriétaires.
En définitive, il est crucial de ne pas faire les choses à moitié. Un calcul rigoureux et une étude approfondie représentent toujours un investissement plus judicieux que les coûts potentiellement exorbitants engendrés par une défaillance structurelle. Il est nettement préférable d’investir dans une étude de qualité plutôt que de risquer de compromettre l’intégrité de votre bien immobilier.